Comores : la gratuité bancaire, un pas de géant vers l’inclusion financière

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[CAVIE-ACCI] Aux Comores, les transferts de la diaspora, représentant une somme colossale trois fois supérieure au budget national, sont principalement informels. Pour capter ces fonds et développer le secteur bancaire, encore peu utilisé par la population, la Banque centrale des Comores mise sur l’inclusion financière.

Le paysage bancaire comorien compte 9 établissements de crédit et 189 agences. Pourtant, le recours au cash reste dominant. Ces flux financiers pourraient dynamiser l’économie s’ils étaient captés par le système bancaire. « Ce que l’on souhaite, la Banque centrale comme les banques commerciales, c’est de faire en sorte qu’une partie de cet argent soit orientée vers le secteur bancaire, pour l’intérêt de la diaspora, mais aussi pour l’intérêt de l’économie comorienne, souligne Younoussa Imani, gouverneur de la Banque centrale des Comores. Nous voulons que les banques aillent vers la population. »

En 2023, une Stratégie nationale d’inclusion financière a été lancée. Pour l’heure, les services bancaires sur téléphone mobile, plus accessible que les banques traditionnelles, restent la solution la plus utilisée après le cash. « Aujourd’hui, nous avons plus de 75 000 comptes ouverts sur Holo à la Banque de Développement des Comores, se félicite Mohamed Salim Djalalidine, responsable de la plateforme Holo. Nous avons les étudiants, les commerçants informels, les commerçants formels, les professionnels, et les non-professionnels… »

Ouverture de comptes et transferts d’argent gratuits

Malgré cela, des réticences subsistent vis-à-vis du système bancaire actuel. Une partie de la population opte pour un système informel d’épargne comme les tontines. Une minorité évoque des raisons religieuses, comme le refus des intérêts jugés illicites. Mais la plupart jugent le système bancaire trop compliqué. « L’absence de banques dans certaines zones, les frais élevés, la méfiance des consommateurs envers les institutions financières font que beaucoup de gens préfèrent garder leur argent plutôt que d’ouvrir un compte, observe Nasra Mohamed Issa, présidente de la Fédération comorienne des consommateurs. Les banques doivent, en plus de se moderniser, proposer des services financiers abordables et adaptés, informer les consommateurs sur les obligations et les risques. »

Pour répondre à ces préoccupations, la Banque centrale des Comores pousse les banques à proposer aux particuliers l’ouverture gratuite de comptes bancaires et à la diaspora des transferts gratuits d’argent. Et cela semble fonctionner : une centaine de comptes auraient été ouverts depuis début août. Objectif : atteindre un taux de bancarisation de 50% aux Comores d’ici la fin 2025.

La Rédaction