[ACCI-CAVIE] Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, entame une quatrième tournée africaine. Officiellement, cette visite est axée sur l’économie, la sécurité et le football. Mais derrière cette façade, se cache une volonté de l’administration Biden de renforcer sa présence sur le continent et de contrer l’influence de la Chine et de la Russie.
C’est un Antony Blinken censément échaudé qui a réemprunté les routes d’Afrique subsaharienne, lui dont l’obsession serait d’y compromettre les avancées de la Russie et de la Chine. Quatre mois après son voyage historique au Niger, en mars 2023 – séjour destiné à défendre une démocratie assiégée par les jihadistes –, les militaires locaux avaient renversé un Mohamed Bazoum devenu symbole de la résilience démocratique au Sahel. Et Niamey s’était rapproché de Moscou…
C’est le lundi 22 janvier 2024 que le secrétaire d’État américain a entamer son quatrième périple en Afrique depuis sa prise de fonction. Un voyage qui le conduit du Cap-Vert à l’Angola, en passant par la Côte d’Ivoire et le Nigeria.
Filigranes chinois et russes
Ces dernières semaines, après l’attaque surprise d’Israël par le Hamas, Blinken avait dû négliger le continent africain pour se concentrer sur le Moyen-Orient. Il devra consoler une Afrique à laquelle avait été quasiment promise une visite de Joe Biden, à l’issue du sommet des dirigeants africains organisé à Washington en décembre 2022. Ce n’est pas en pleine année électorale que le président octogénaire pourra quitter le terrain d’une campagne que Donald Trump esquisse comme une revanche. Le dernier chef d’État américain à avoir foulé le sol africain était celui dont Biden était alors le vice-président : l’« Africain » Barack Obama, en 2015, au Kenya et en Éthiopie.
En Afrique, le secrétaire d’État américain devrait articuler ses discours autour de l’économie et de la sécurité. En filigrane des questions de croissance, les observateurs traqueront des allusions à l’offensive de la Chine, dont le ministre des Affaires étrangères, Wang Yi, vient justement de quitter la même Côte d’Ivoire, en point d’orgue d’une tournée qui l’a également mené en Égypte, en Tunisie et au Togo.
À travers les échanges autour de la sécurité, chacun guettera des piques plus ou moins subliminales adressées à la Russie. Dans un communiqué, le porte-parole du département d’État, Matthew Miller, a déjà évoqué « le respect des droits de l’homme, la promotion de la démocratie et l’extension de l’État de droit » comme des « valeurs communes » qui fonderaient les partenariats de sécurité tissés avec les États-Unis…
L’officiel et l’officieux
Antony Bliken devrait assister à un match de soccer de la Coupe d’Afrique des nations ivoirienne, parler de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), de la République démocratique du Congo (RDC) et du projet d’infrastructures « couloir Lobito » avec les autorités angolaises, et rencontrer le frais émoulu président nigérian Bola Ahmed Tinubu. Au Nigeria justement, siège de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), il devrait s’enquérir de l’évolution des récentes pommes de discorde ouest-africaines. Comme il y a les programmes officiels et les agendas officieux, il y a les pays où l’on se rend et les pays dont on parle…
La Rédaction (avec DG et CA)