[ACCI-CAVIE] Dans un écosystème informationnel, où les narratifs s’affrontent et où la perception façonne la réalité, la maîtrise des dynamiques d’influence et la compréhension des arcanes de la guerre de l’information émergent comme des impératifs stratégiques pour les acteurs publics et privés africains. C’est fort de cette réalité que la 8ème édition des Journées africaines de l’intelligence économique (JAIE), sous l’égide du CAVIE, érige cette thématique en un axe de réflexion fondamental, au cœur des « urgences de l’intelligence économique africaine ».
L’influence, telle qu’appréhendée par le Centre africain de veille et d’intelligence économique (CAVIE), transcende la simple persuasion. Elle consiste en la capacité d’orienter les opinions, les décisions et les comportements des parties prenantes, qu’il s’agisse de citoyens, de partenaires commerciaux, d’investisseurs ou d’instances internationales. Dans un contexte de compétition globale exacerbée, la capacité des entreprises et des États africains à projeter une image positive, à défendre leurs intérêts et à promouvoir leurs valeurs sur la scène internationale dépend intrinsèquement de leur aptitude à maîtriser les leviers de l’influence.
Corrélativement, la guerre de l’information, souvent insidieuse et multiforme, constitue une menace grandissante pour la souveraineté informationnelle et la stabilité des nations africaines. La prolifération des actes de désinformation, des campagnes de dénigrement et des tentatives de manipulation numérique vise à déstabiliser les institutions, à polariser les sociétés et à compromettre les processus décisionnels. Face à ces assauts informationnels, une intelligence économique authentiquement africaine, proactive et sophistiquée se révèle indispensable pour détecter, analyser et contrer les manœuvres hostiles.
Pour le CAVIE, la maîtrise de l’influence et la résilience face à la guerre de l’information sont des enjeux de gouvernance et de sécurité nationale. Il s’agit de développer des stratégies de communication robustes, de renforcer les méthodes, outils et techniques de veille et d’analyse des flux informationnels, et de promouvoir une culture de l’information critique au sein de la société civile. Selon Dr Guy Gweth, président en exercice du CAVIE, « plus que jamais, la capacité à contrer les narratifs fallacieux et à imposer une vision africaine du monde constitue un gage solide de souveraineté et d’autonomie stratégique. »
Quant aux acteurs privés africains, évoluant dans un environnement économique globalisé et hyperconnecté, la maîtrise de leur réputation et la protection de leur image de marque sont des impératifs de compétitivité. L’intelligence économique africaine leur permet concrètement d’anticiper les risques réputationnels, de gérer les crises informationnelles et de développer des stratégies d’influence pour conquérir de nouveaux marchés et fidéliser leur clientèle. La capacité à construire un narratif d’entreprise crédible et engageant est un facteur clé de succès dans un contexte de concurrence accrue.
De manière pragmatique, l’apport de l’intelligence économique africaine dans ce domaine réside dans sa capacité à fournir une analyse approfondie des écosystèmes informationnels, à identifier les acteurs d’influence, à cartographier les réseaux de diffusion et à évaluer l’impact des campagnes informationnelles en tenant compte de la matrice culturelle de chaque groupe cible et des conséquences qui en découlent. Elle permet ainsi d’élaborer des stratégies d’influence ciblées et des contre-mesures efficaces et contextualisées face aux tentatives de déstabilisation.
En somme, l’influence et la guerre de l’information constituent des enjeux majeurs pour l’avenir des acteurs publics et privés africains. L’authentique intelligence économique africaine, par sa capacité à décrypter les dynamiques informationnelles et à éclairer les stratégies d’action, apparaît désormais comme un instrument essentiel pour naviguer avec succès dans cet environnement complexe et pour affirmer avec force les intérêts et les aspirations du continent africain. Les délibérations expertes attendues lors des JAIE2025 sur cette thématique cruciale devraient insuffler une prise de conscience et impulser des actions concrètes pour renforcer la capacité d’influence et la résilience informationnelle des acteurs publics et privés africains.
La Rédaction