[ACCI-CAVIE] Au cœur des impératifs de transformation structurelle et de développement endogène du continent africain réside une équation fondamentale : la symbiose entre intelligence économique et production de connaissances. Cette dialectique, loin d’être une simple juxtaposition de concepts, constitue un moteur essentiel pour l’émergence d’une Afrique innovante, compétitive et souveraine. C’est dans cette perspective que la 8ème édition des Journées africaines de l’intelligence économique (JAIE) inscrit cette thématique parmi les « urgences de l’intelligence économique africaine », soulignant son caractère nodal pour l’avenir du continent.
L’authentique intelligence économique africaine, dans ses dimensions originale, prospective et analytique, se révèle un catalyseur puissant pour orienter et enrichir la production de connaissances en Afrique. Par une veille stratégique affûtée tant sur les activités formelles qu’informelles, elle permet d’identifier les domaines de recherche prioritaires, les tendances technologiques émergentes et les besoins socio-économiques pressants. Cette capacité à anticiper les défis et à déceler les opportunités (officielles et officieuses) alimente une production de connaissances pertinente, alignée sur les spécificités et les aspirations du continent.
Corrélativement, une production de connaissances robuste et ancrée dans les réalités africaines constitue un terreau fertile pour l’intelligence économique locale. Les travaux de recherche fondamentale et appliquée, les innovations technologiques et les expertises locales représentent des sources d’information précieuses pour éclairer les décisions stratégiques des acteurs publics et privés. Une communauté scientifique africaine patriote, dynamique et connectée est un atout inestimable pour alimenter les réflexions et les analyses d’une intelligence collective africaine innovante et conquérante et compétitive.
L’apport de l’intelligence économique à la production de connaissances se manifeste à plusieurs niveaux. Elle favorise l’identification des lacunes en matière de recherche et développement, encourage les échanges entre experts, la collaboration entre les institutions académiques, les entreprises et les pouvoirs publics, et facilite la diffusion des savoirs et des innovations. En outre, elle contribue à la valorisation économique des résultats de la recherche, transformant les découvertes scientifiques et professionnelles en avantages compétitifs pour les entreprises africaines.
Inversement, une production de connaissances endogène et de qualité renforce l’autonomie intellectuelle du continent et réduit sa dépendance aux expertises exogènes. En développant ses propres capacités de recherche et d’innovation, ainsi que le préconise Dr Guy Gweth, président en exercice du CAVIE, « l’Afrique se dote des outils nécessaires pour comprendre ses propres défis, proposer des solutions adaptées à son contexte et participer activement à la production du savoir mondial (…) Ce faisant, le continent cesse d’être un photocopieur approximatif pour devenir un producteur de connaissances originales et percutantes. »
La synergie entre intelligence économique et production de connaissances est aussi cruciale pour relever les défis complexes et les urgences auxquels le continent est confronté, qu’il s’agisse du changement climatique, de la sécurité alimentaire, de la santé publique ou de la transformation numérique. Une approche intégrée, combinant la veille stratégique, l’analyse prospective, la recherche scientifique, ainsi que les stratégies d’influence et de contre-influence, est indispensable pour élaborer des politiques publiques efficaces et des solutions innovantes.
Tout bien considéré, intelligence économique africaine et production de connaissances représentent deux faces d’une même médaille, indispensables à l’émergence d’une Afrique prospère et souveraine. L’investissement dans la recherche et le développement, conjugué à une démarche d’intelligence économique proactive et éclairée, est un impératif catégorique pour libérer le potentiel créatif du continent africain et construire un avenir où la connaissance est un vrai levier de développement. Les échanges de haut niveau attendus lors des JAIE sur cette thématique essentielle devraient impulser une dynamique nouvelle, plaçant la production de connaissances au cœur des stratégies d’intelligence économique africaines.
La Rédaction