[ACCI-CAVIE] Dans un contexte de croissance démographique fulgurante et de chômage accru chez les jeunes, l’Afrique mise sur l’entrepreneuriat pour bâtir des solutions durables. Les gouvernements, en partenariat avec des institutions financières et des organismes internationaux, injectent des milliards dans la formation et le financement des jeunes entrepreneurs, redéfinissant ainsi les stratégies d’emploi sur le continent.
Un défi démographique et économique majeur
Selon l’Africa Youth Employment Clock, le nombre de jeunes âgés de 15 à 35 ans sans emploi ou hors du système d’éducation et de formation atteindra environ 121 millions d’ici 2025, soit une augmentation de près de 2,8 millions par rapport à l’année précédente. Face à ce constat alarmant, l’entrepreneuriat s’impose comme un levier stratégique pour transformer ce potentiel humain en moteur de développement durable. Cette dynamique bénéficie d’un appui significatif de la part de divers acteurs, notamment la Banque africaine de développement (BAD).
La BAD en première ligne
En 2024, la Banque africaine de développement a alloué un montant record de 577 millions de dollars sous forme de prêts et de subventions, destinés à stimuler l’entrepreneuriat et la création d’emplois. Ces financements ont bénéficié à treize pays, dont la Tanzanie, la Somalie et le Soudan du Sud. En Tanzanie, un prêt de 130 millions de dollars a été consacré au soutien des entreprises agricoles dirigées par des jeunes, tandis qu’une subvention de 5 millions de dollars a été octroyée au Soudan du Sud pour appuyer des initiatives similaires.
Le Dr Akinwumi Adesina, président de la BAD, a souligné l’importance cruciale de ces investissements : « Le plus grand risque est de ne pas investir dans les jeunes ». Son engagement se traduit par une augmentation constante des fonds destinés aux projets portés par des jeunes, réaffirmant le rôle central de la jeunesse dans le redressement économique africain.
Des initiatives nationales ambitieuses
En parallèle des actions de la BAD, plusieurs pays africains ont mis en place des programmes nationaux pour favoriser l’émergence d’une nouvelle génération d’entrepreneurs. Au Kenya, un fonds spécial de 385 millions de dollars a été créé pour soutenir les jeunes entrepreneurs confrontés à des difficultés d’accès aux prêts bancaires. En Tanzanie, le programme « Building a Better Tomorrow: Youth Initiatives for Agribusiness » mobilise 110 millions de dollars pour accompagner près de 6 000 jeunes dans le secteur de l’agrobusiness.
L’intelligence économique au cœur de la stratégie
Ces initiatives révèlent une prise de conscience accrue quant à l’importance de l’intelligence économique pour orienter les investissements et maximiser leur impact. L’analyse des besoins locaux, la cartographie des opportunités et le suivi rigoureux des résultats permettent de cibler efficacement les interventions. Cette approche intégrée vise non seulement à réduire le chômage, mais aussi à stimuler une croissance inclusive.
Un avenir à construire collectivement
Malgré les progrès notables, le chemin reste semé d’embûches. Le taux de chômage des jeunes continue d’augmenter dans de nombreuses régions, rappelant l’urgence d’une mise en œuvre efficace des politiques existantes. La collaboration entre les gouvernements, les institutions financières et le secteur privé s’avère essentielle pour maintenir cet élan et transformer les aspirations en réalités.
En investissant dans l’entrepreneuriat et en adoptant une approche d’intelligence économique, l’Afrique peut non seulement répondre au défi du chômage des jeunes, mais aussi exploiter pleinement son potentiel démographique pour devenir un acteur majeur de l’économie mondiale.
CLA