[CAVIE-ACCI] Afriland First Bank est sur le point de finaliser son implantation au Mali, après avoir soumis un dossier de demande d’agrément il y a plusieurs mois. Actuellement, le groupe financier attend l’autorisation officielle pour commencer ses opérations. La création de cette nouvelle banque est presque finalisée, et des sources internes indiquent que le capital initial de près de 26 milliards de FCFA a été mobilisé et entièrement libéré.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre des efforts d’Afriland First Holding (AFH), le nouveau véhicule d’investissement du groupe fondé par le milliardaire camerounais Paul Kammogne Fokam. La création de la branche malienne est considérée comme l’un des projets phares d’AFH, et elle représente une étape clé dans une stratégie plus large d’expansion d’Afriland First Bank en Afrique de l’Ouest. L’AFH, créée en 2022, a pour mission de renforcer la présence du groupe dans la sous-région.
Le choix du Mali comme premier marché d’implantation pour Afriland est également significatif dans le contexte actuel des affaires en Afrique de l’Ouest. Ce mouvement s’inscrit dans une volonté de tirer parti des opportunités offertes par la région et de développer des activités bancaires dans un environnement en pleine mutation. L’AFH entend également capitaliser sur le climat des affaires attractif à Lomé, où elle a établi sa holding, en raison de la vision du président togolais qui souhaite faire de son pays un centre propice à l’investissement et à la création de richesse.
Cependant, le secteur financier en Afrique de l’Ouest fait face à de nouveaux défis, notamment à cause des mutations sociopolitiques récentes. L’Alliance des États du Sahel, initiée par le Mali, le Burkina Faso et le Niger, a modifié la configuration politique de la région. Cette nouvelle dynamique, ainsi que les divergences monétaires entre les membres de l’Alliance et ceux de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), pourrait avoir des répercussions sur l’écosystème financier sous-régional, notamment avec la possibilité de créer une nouvelle monnaie par l’AES.
Face à ces évolutions, Afriland cherche à anticiper et à s’adapter. En choisissant Lomé comme base d’opérations, le groupe se positionne de manière stratégique pour profiter des relations commerciales et des échanges entre les États membres de l’AES et ceux de la Cedeao. Le Togo est perçu comme un pays tampon, facilitant les interactions et les échanges entre ces diverses nations.
De plus, le contexte géopolitique mondial actuel, marqué par l’émergence des BRICS qui ambitionnent de dédollariser les échanges internationaux, incite Afriland à établir une présence en Afrique. En se déplaçant à Lomé, Afriland rejoint des acteurs bancaires panafricains, tels qu’Ecobank, qui ont déjà établi leur siège dans cette ville. De nombreuses autres institutions financières sont également en attente d’agrément pour s’implanter au Togo, ce qui témoigne d’un intérêt croissant pour ce marché en pleine évolution.
Ainsi, l’initiative d’Afriland First Bank, en intégrant une dimension régionale et en s’adaptant aux changements sociopolitiques et économiques, pourrait redéfinir le paysage bancaire en Afrique de l’Ouest et au-delà.
La Rédaction