[ACCI-CAVIE] Le Sommet de l’Union africaine qui s’est tenu du 15 au 18 février 2024 à Addis-Abeba, en Ethiopie, a relevé plusieurs crises géopolitiques et géoéconomiques qui menacent la stabilité et la sécurité du continent. Occasion pour le Centre africain de veille et d’intelligence économique de dévoiler au grand public sa contribution significative à la prévention et à la résolution des crises en Afrique.
Pour le Dr Guy GWETH, son président, « l’apport du Centre africain de veille et d’intelligence économique (CAVIE) est d’autant plus essentielle à la prévention et à la résolution des crises géopolitiques et géoéconomiques en Afrique que la paix et la sécurité sont des gages de développement et de compétitivité pour le continent. »
Les principales crises géopolitiques surveillées de près par le CAVIE
Crise complexe et multidimensionnelle qui dure depuis plusieurs décennies, le conflit dans l’est du Congo est suivi de près par le CAVIE. Cette crise se caractérise par des conflits armés, des violations des droits humains, des déplacements de populations et une crise humanitaire grave et un repli alarmant des investisseurs vertueux.
Le conflit au Sahel, quant à lui, implique des groupes armés djihadistes, des rebelles Touaregs et des milices d’autodéfense. A ce jour, il a provoqué des milliers de morts et de déplacés. Il a fragilisé les États de la région et braqué l’attention du CAVIE sur son actualité, notamment depuis la création de l’Alliance des Etats sahéliens (AES).
Etroitement suivi par le Centre africain de veille et d’intelligence économique, la guerre civile en Éthiopie a débuté en 2020 entre le gouvernement fédéral et la région du Tigré. A ce jour, cette guerre a provoqué une grave crise humanitaire, fragilisé le tissu économique, entravé l’attractivité et réduit l’exposition des investisseurs du pays.
Également surveillé par le CAVIE, le Soudan connaît une grave crise politique et économique depuis le coup d’État militaire d’octobre 2021. Cette crise a déjà fragilisé le pays et fait fuir les investisseurs. Elle fait désormais craindre une nouvelle guerre civile.
La Libye est en proie à une guerre civile depuis 2011, qui a conduit à la fragmentation du pays et à l’émergence de groupes armés rivaux. Cette crise a également favorisé le développement du terrorisme, ainsi que son financement et de la migration clandestine. Elle est étroitement suivie par le Centre depuis sa création en août 2015.
Premier rayon de veille sécuritaire du CAVIE, le golfe de Guinée connaît une recrudescence de la piraterie maritime et des attaques contre les navires. Cette crise menace la sécurité du transport maritime, exacerbe les craintes des investisseurs internationaux et freine la compétitivité et le développement de la sous-région.
Autre point de surveillance du CAVIE, le Lac Tchad vit une crise environnementale et humanitaire qui affecte plusieurs pays d’Afrique centrale. En une quarantaine d’années, le lac Tchad a perdu 90% de sa superficie, provoquant des inondations, la sécheresse, des heurts entre les populations et le recul des investisseurs étrangers.
L’Apport du CAVIE à la gestion des crises en Afrique
Le CAVIE joue un rôle, certes discret, mais important dans la prévention et la résolution des crises en Afrique. Il peut davantage monter en puissance dans les cinq axes ci-après :
Collecte d’informations et production du renseignement
Le CAVIE collecte et analyse déjà des informations sur les causes profondes des crises en Afrique, y compris les facteurs politiques, économiques, sociaux, culturels et environnementaux. Le renseignement produit, à chaque occasion, peut davantage être utilisé pour identifier les points d’entrée et les solutions potentielles aux crises.
Anticipation et prévention des crises en Afrique
Le CAVIE met à la disposition des États africains ses capacités d’analyse pour anticiper les risques de crise et alerte les décideurs politiques et les autres parties prenantes. Bien que discrète, cette puissante machine à générer des alertes permet de prendre des mesures préventives rapides et d’éviter que les crises ne s’aggravent encore plus.
Diplomatie et médiation indépendantes en Afrique
Le CAVIE peut jouer un rôle de diplomatie et de médiation entre les parties prenantes aux crises, dans la mesure de ses possibilités, bien que ce ne soit pas sa mission première. Progressivement, ce rôle pourra contribuer plus efficacement à la recherche de solutions pacifiques et durables aux conflits, selon les experts du Centre.
Renforcement des capacités des Etats africains
Le CAVIE peut renforcer les capacités des pays africains en matière de veille et d’intelligence stratégique, notamment grâce à son SIRO (Système des risques et des opportunités). Ce dispositif permet déjà à certains pays africains de mieux gérer les crises et de prévenir leur apparition, tout en identifiant les opportunités offertes.
Sensibilisation et communication des parties prenantes
Le CAVIE peut davantage sensibiliser les différentes parties prenantes aux causes et aux conséquences des crises en Afrique, notamment lorsque l’origine est économique et/ou relève de la stratégie d’une puissance étrangère. Le travail réalisé contribue à mobiliser la communauté internationale et à soutenir les efforts de résolution des crises.
En résumé…
Bien que discrètement, le CAVIE peut jouer un rôle encore plus important dans la prévention et la résolution des crises en Afrique en s’appuyant sur ses capacités d’investigation, d’analyse, de diplomatie et de négociation. Il lui reste cependant à développer sa coopération avec d’autres organisations pouvant aussi y contribuer.
La rédaction